La journée d’un aquaculteur marin

Crédit photo : CIPA

Départ en mer pour pêcher les bars

Réveil à 5h pour Dominique, c’est jour de pêche, tous les mardis et vendredis le rendez-vous est à 5h30 au ponton : aujourd’hui 2 tonnes à pêcher dans la cage de bar n°5, du 3-4 (comprenez 300-400g de poids moyen), les alevins sont arrivés il y a 2 ans. Hormis ces jours-là le travail débute à 8h. Ne pas oublier le casse-croûte dans le frigo.

Le bateau qui était au mouillage est amené par Fred. On charge les bacs de glace qui contiendront les poissons. Cap sur le train de cage, à un mille. On s’accroche, on remonte et on serre le filet de la cage, quelques coups d’une épuisette fixée au bout du bras hydraulique, aussitôt déversés dans les bacs de glace. C’est un progrès ce bras, il évite la hernie discale à 40 ans, il charge les bacs et les sacs d’aliment, il transporte et remonte aussi les filets que l’on change régulièrement.

 

Débarquement et expédition de la pêche

Retour au quai, débarquement des bacs sur le camion, arrivée au local de conditionnement à 7h, la climatisation est en marche. Nous sommes deux de plus pour cette opération. Les poissons sont sortis de l’eau glacée, pesés, triés, mis en caisse isotherme et recouverts de glace. Cerclage de la caissette, étiquetage avec le nom de la ferme et toutes les informations concernant ce lot de poissons. L’élevage est de plus labellisé et chaque poisson a donc eu droit à un pin’s sur l’opercule, ce marquage individuel assure la traçabilité complète mais allonge aussi la durée du conditionnement. On doit avoir fini à 9h30 lorsque le camion isotherme du mareyeur arrivera pour prendre les poissons. Ils resteront ainsi conditionnés jusqu’au revendeur final qui les présentera à son étal dès demain pour les plus proches ou sinon après-demain. Pause petit déjeuner, baguette fraîche.

 

Retour aux cages pour le nourrissage des poissons et l’entretien des infrastructures aquacoles

9h, départ vers les cages pour le nourrissage et un changement de filet. Chargement des sacs d’aliment, mêmes quantités que la veille. A cette période de l’année, les températures et les conditions météorologiques sont assez stables et ne nécessitent pas trop de réajustement, du moins tant qu’un coup de vent n’a pas fait perdre quelques degrés à l’eau et réduit l’appétit des occupants. On répartit sur chaque cage les sacs correspondants en y laissant une pelle. Attirer d’abord par quelques pelletées puis, lorsque les poissons bouillonnent bien à la surface, distribuer plus largement bien au centre pour éviter que les poissons lors de leur agitation ne dispersent l’aliment autour. C’est toujours un beau spectacle de voir cette ébullition. Vérifier qu’ils sont tous repus à la fin du repas, sauf pour les daurades jamais rassasiées et qui mangeraient le sac si on leur donnait.

D’ailleurs, comme à l’accoutumée, les bogues et les mulets nous ont suivis derrière le bateau, entre les cages. Toujours cela de gagné sur leur pitance quotidienne. Ils sont postés, surveillent et happent le moindre granulé qui sort de la cage, pourtant il n’y en a pas beaucoup. Le dauphin est là aussi, cela fait plus d’un an qu’il reste dans le coin, on l’a appelé Jeff. Il est arrivé qu’ils viennent faire un tour à 3 sous les cages, tout l’été, chaque jour à la même heure.

Mise à l’eau du nouveau filet par-dessous celui en place, accrochage, décrochage de l’ancien soulevé et retiré par son centre au milieu de la cage, les poissons se dispersent tranquillement dans leur nouvelle maison. Durée 1 heure et bilan d’environ 500 kg de filet chargé d’algues, vive le bras hydraulique !

 

Déjeuner à la ferme et tri des bars en fonction de leur taille

Déjeuner sur la ferme, casse-croute, thermos de café, soleil, mer calme, ça fait oublier le levé à 5h du matin. Reprise à 13h, les prévisions météo sont bonnes pour 3 jours. On remorque la plateforme qui supporte la trieuse à poisson, deux longues plaques en forme de V ouvert à sa base et s’élargissant, que suivent les poissons endormis jusqu’à tomber à travers en fonction de leur largeur et être alors acheminés par des goulottes dans les cages de petits, moyen et gros poissons. Ainsi calibrés ils sont plus faciles à nourrir et à vendre.

 

Nettoyage des filets à terre

A 15h on rentre pour charger le filet dans la machine à laver à terre, un gros tambour rotatif en inox qui va le nettoyer sans effort. Remplissage du cahier d’élevage. Tiens, la cage de gros bars n’a pas mangé sa ration ? Ah oui…normal… ce matin un thon a été aperçu rodant sous les cages, grande frayeur pour nos pensionnaires. Demain début du tri si les conditions météorologiques tiennent leur promesse. Pas de repos ce week-end, c’est mon tour de garde et les poissons ont faim même le dimanche ! Pour l’heure, retour à la maison, on a aussi une vie de famille…

Mis à jour le 14 Fév 2024 Signaler une erreur