La France protège ses dauphins – La profession rétablit quelques vérités sur les captures accidentelles de cétacés
Une vidéo et une photo circulent depuis quelques heures sur les réseaux sociaux. Elles sont le fait de Sea Shepherd, une ONG qui s’illustre depuis quelques années par des combats emblématiques contre certains types de pêches. Aujourd’hui c’est le tour de la pêche française dans le golfe de Gascogne. Le communiqué de cette ONG développe des amalgames dangereux qui exigent le rétablissement de quelques vérités :
Il n’y a pas de pêche dirigée
Les échouages de dauphins constatés sur les côtes françaises sont liés à de multiples facteurs :
- Causes naturelles : mort consécutive à l’échouage vivant accidentel, compétition interspécifique, prédation, autres morts naturelles
- Captures accidentelles par les pêcheurs professionnels
- Pathologies : mauvais état sanitaire démontré par la présence de lésions significatives ou d’un parasitisme sévère
- Autres causes anthropiques (collisions, enchevêtrement)
La population n’est pas en voie d’extinction
Les mammifères marins concernés aujourd’hui sont principalement des dauphins. La population de Delphinidés présents dans le Golfe de Gascogne en hiver est estimée à 300 000 individus (Laran et al. 2016, Observatoire Pelagis).
Le nombre d’échouages comptabilisés en 2017 est estimé à 800 (Réseau National des Echouages) et les estimations de captures accidentelles en 2016 s’élèvent à 4 000 (Peltier et al. 2016).
Il est important de rappeler que les professionnels étant les premiers affectés par ces captures accidentelles mettent tout en œuvre pour les éviter au maximum.
Les pêcheurs sont conscients que leurs pêches interfèrent avec les dauphins qui se nourrissent des mêmes proies
Ces captures accidentelles sont renseignées par l’Ifremer dans son programme d’observation en mer des navires de pêche (Obsmer). Les données d’échouage sont recueillies par le Réseau National d’Echouage (RNE). Ces données alimentent l’observatoire Pelagis, dépendant de l’Université de la Rochelle. Un travail important est aussi mené en partenariat avec les différentes administrations concernées (Direction des Pêches Maritimes et de l’Aquaculture – Direction de l’Eau et de la Biodiversité) et avec l’Agence Française de la Biodiversité.
Les fileyeurs et chalutiers pélagiques constatent au quotidien la présence de cétacés sur les zones de pêche qu’ils fréquentent. Les pêcheurs ont été proactifs pour trouver des solutions aux captures accidentelles et cela depuis 2004. Ce phénomène a fait l’objet de plusieurs études de 2004 à 2009 dans le golfe de Gascogne. Des projets scientifiques menés en partenariat avec les scientifiques de l’Ifremer et de Pélagis ont eu pour objectif :
- D’évaluer l’impact de ces captures sur les populations de dauphins communs ;
- De développer des solutions afin de réduire les captures accidentelles. Des projets sont actuellement en cours de réalisation, en partenariat entre les pêcheurs et les scientifiques, afin de développer des outils acoustiques permettant de repousser les mammifères marins des zones de pêche : « pinger » http://www.pecheursdebretagne.eu/actus/actualites-actus/pic/;
- De suivre des projets concernant l’innovation et la sélectivité des engins sont financés par des fonds publics européens (FEAMP) et privés français (France Filière Pêche) permettant de soutenir les démarches d’amélioration des pratiques de pêche et de sélectivité.
Quelques informations pour corriger les erreurs de Sea Shepherd :
- La pêche de poissons juvéniles (petit poisson) est interdite. Les engins sélectifs utilisés par les pêcheurs français évitent leur capture. Cette problématique n’est donc pas liée à celle des captures accidentelles de mammifères marins. En effet, les pêcheurs professionnels n’ont pas le droit de mettre sur le marché des poissons sous taille. Ils peuvent être contrôlés en mer, à la débarque puis par tous les opérateurs de l’aval de la filière qui doivent vérifier la taille de commercialisation en cas de doute avant remise aux consommateurs ;
- Les navires français dans le golfe de Gascogne ne sont pas des navires de pêche industrielle. Les chalutiers pélagiques français mesurent en moyenne 18 m, capturent du poisson frais et réalisent des marées courtes de 3 jours maximum.
Paris, le 27 février 2018
Contacts :
Hubert CARRE : 06 80 60 37 62